Il y a un truc qui me fascine chez les humains actuels, c’est leur besoin frénétique d’être mis dans une petite case. Les gens adorent appartenir à un club qui leur explique à quel point ils sont sensibles, doués et incompris. Ca commence avec l’astrologie. Savoir que tu es Poisson te donne un léger sentiment de supériorité sur les Gémeaux par exemple (pardon les Gémeaux, mais c’est vrai.) Par contre, un bon Poisson est par nature si délicat autrement dit mou et faible qu’il se fera marcher dessus par un gros Taureau. Vient ensuite le test de personnalité imposé par ton employeur pour savoir si tu es telle ou telle lettre de l’alphabet, plutôt couleur fraise des bois ou jaune cocu. L’idée que ça sert juste à mieux te manipuler est largement compensée par toute la crème pâtissière que ce test va étaler sur ton égo en biscotte. J’aime beaucoup entendre les gens m’expliquer pourquoi leur couleur ou leur combinaison de lettres les rend uniques et particulièrement brillants.
Ca marche également avec tout ce qui est Dys. Les Dyslexiques pour le moment sont très à la mode, jusqu’ici ils avaient été considérés comme des semi-débiles mais là ils prennent clairement leur revanche. Les HP dont on nous bassine les oreilles depuis 15 ans ont quant à eux pratiquement achevé leur conquête du monde. Car il est entendu que si tu n’es pas HP, tu n’as juste pas encore été diagnostiqué.
J’ai commencé une collection de boîtes mentales dans lesquelles mes semblables adorent être stockés. Pour le moment je suis assez branchée par les bocaux sexuels ; en dehors des trucs classico-classiques qui font chier tout le monde tant ils sont communs ( hétéro, homo, sado-maso, thon-mayo, etc…) tu as désormais le choix de t’identifier comme : asexuel, aromantique, pansexuel, graysexuel, demi-sexuel, lithromantique, skoliosexuel, ou queerplatonique. Chacun d’eux possède une bannière, un logo et une full de brols à vendre comme des t-shirts, des mugs, pin’s etc. qui le distingue des autres. Ca entretient un commerce tout à fait lucratif. S’enfermer dans un cadre qui te dit qui tu es et qui t’explique pourquoi tu réagis de telle ou telle façon, et pourquoi tu souffres, ça rassure. Les boîtes donnent de la visibilité aux invisibles. Elles permettent soudain d’exister, mieux elles te révèlent à toi-même. Mais avec leurs murs de matière grise, les boîtes empêchent aussi d’être plusieurs choses en même temps, de changer quand on en a envie sans perdre la face et d’évoluer. Plus grave, j’ai l’impression que les boites ne favorisent pas la tolérance mais au contraire nous dressent les uns contre les autres et exacerbent cet individualisme toujours prêt à sortir de son trou. Moi MOi MOI.
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