C'était un des premiers jours de printemps. Il faisait jaune froid. J'étais un peu déprimée alors mon coloc m'a dit : tu veux aller faire un tour en moto?
J'ai dit : D'accord. Parce qu'avec la vitesse, parfois, on oublie la tristesse. Il m'a dit : On va où? J'avais le vague projet sans cesse reporté de planter une camomille dans le jardin. Je lui ai dit : Allons à la pépinière de Boitsfort. Il m'a déguisée en cuir avec des bottes à bout en métal et un pantalon renforcé aux genoux et on est parti. Arrivés à la pépinière, un jardinier m'a dit : Ce n'est pas la saison des camomilles. Revenez en mai. Alors on a erré parmi les jeunes lavandes puis entre les palmiers. Ensuite, nous sommes allés rendre visite aux oliviers. On a poursuivi la promenade dans la partie serre, le nez en l'air. Et là, soudain, parmi le foisonnement des affaires exotiques, j'ai remarqué un minuscule cactus qui tenait tout juste dans la paume de la main. J'ai dit à mon coloc : on le prend. Il m'a dit : un cactus en moto, c'est ambitieux. J'ai dit : s'il te plaît, on le prend. Il m'a dit : ok, on le prend. C'est comme ça que ce jour-là, j'ai transformé ma tristesse en cactus.
Illustration réalisée pour la box d'automne de Colette, Haute Culture
コメント