- Où sont mes gants? Tu as vu mes gants? Tu as pris mes gants?
Elle niait farouchement toute les accusations de larcin vestimentaire par principe et aussi un peu par honte. Elle savait qu'il prenait un soin extrême à ses affaires alors qu'elle n'en avait rien à foutre.
Elle égarait aussi vite qu'une poule sans tête tous types d'accessoires visant à la protéger du froid. Du coup, Il lui arrivait régulièrement de piquer une paire de gants à son colloc. C'était de beaux gants en cuir, épais et moelleux, parfois fourrés. Un igloo tiède pour doigts gelés. Une toison de bébé-chat faite moufle.
Mais, elle souffrait de distraction chronique. Impossible de conserver la paire volée intacte et ce malgré des techniques d'auto-contrôle simples et généralement efficaces. Une fois sur deux, à sa propre surprise, l'un des gants-chatons disparaissaient purement et simplement de son existence. Peu à peu, elle avait commencé à combiner des paires disparates. Un gant de cuir noir avec un gant de daim roux par exemple. Puis lorsqu'elle finissait par les perdre tous les deux, ce qui était inévitable, elle faisait profil bas pendant quelques jours et cessait de voler les gants. Pour protéger ses mains du froid, elle portait alors une paire de chaussettes dépareillées. Cela la faisait marrer de passer pour une clocharde à côté de ce mec toujours en trois-pièces. Au moins là, en cas de disparition, elle pouvait accuser sans sourciller, la machine à laver d'avoir avalé l'un des membres du duo originel.