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Le prix du bonheur


Aujourd’hui, je faisais mes courses et je suis passée devant le stand fraises. J’ai constaté que le panier était à 18 € le kilo. Je me suis demandé si je n’avais pas confondu avec l’étiquette du safran mais le safran se trouvait trois rayons plus loin. Il n’y avait donc pas d’erreur possible d’autant qu’il était bien écrit « Fraises » à côté de 18 €/kg. Une dame très chic est arrivée à côté de moi et a saisi sans hésitation trois paniers de fruits pour les fourrer dans sa charrette. Elle venait de dilapider sous mes yeux la moitié du PIB du Burundi avec la désinvolture du SPF Finance quand il te rappelle un peu sèchement par recommandé que tu n’as toujours pas payé tes dettes à l’État. Moi, j’étais toujours en train de calculer à combien revenait une fraise en moyenne (63 cents) et si ça valait la peine d’engager ma survie mensuelle pour ce petit plaisir coupable. Ma parole, me dis-je en la suivant des yeux, n’était-on pas face au fond à un nouvel indicateur de richesse infaillible ?La fraise a toujours été un peu snob, genre le caviar des fruits, pas comme cette plouc de banane qui étale son jaune de courtisane pour un prix dérisoire. La fraise, c’est un peu le poivre d’antan. Il y a longtemps, type Moyen-Age, le poivre était plus cher que l’or. On pouvait se payer une bière en poivre et on disait d’un type riche « Tiens, voilà André, le sac à poivre ». Aujourd’hui au cours scandaleux où s’échange la fraise sur les places maraîchères, je suis d’avis que l’on réactualise cette expression et qu’on appelle les privilégiés, sacs à fraises. Ok ?


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